Une valeur sociétale en baisse d’éclat
Le mariage dans notre conception restrictive, est l’union de deux personnes de sexes différents. Mais dans la conception large malienne, le mariage c’est l’union entre deux familles, deux communautés, deux clans ou plus. Si cela était perçu comme un devoir sociétal pour tout un chacun en état de se marier et ayant les moyens physiques et financiers. De nos jours, le mariage est en baisse de valeur suite à des obstacles qu’affrontent les nouveaux couples.
Diakaridia Sanogo, jeune diplômé, ne s’est pas encore marié. Il le désire vivement, mais a déjà peur. Il connaît pas mal de couple qui traverse par moment des crises récurrentes. Pour le jeune-homme originaire de Sikasso, le mariage d’aujourd’hui est un énorme problème. « Les futurs mariés se cachent les uns les autres beaucoup de choses avant leur union. L’homme le plus souvent prend beaucoup d’engagements. Une fois la femme chez lui, il la délaisse et les promesses ne sont plus tenues. Nombre de bisbilles qui entraînent la destruction du couple, naît de cela. »
Contrairement au jeune Sanogo qui vit encore dans le célibat, Baba Diarra, journaliste à la radio Bamakan, vit en couple depuis de nombreuses années. Pour le cinquantenaire, l’orgueil, le mensonge et le désir de vivre au-dessus de ses moyens, sont entre autres les principaux obstacles liés au mariage de nos jours. A tous ces problèmes s’ajoutent l’ingérence de la famille, la communauté, le clan… Pour une recherche de solution à ces problèmes, le doyen Baba Diarra conseille aux jeunes mariés de sacrifier une partie de leur liberté sur l’autel de l’union, de s’inscrire dans l’esprit du don de soi, de privilégier la communication au sein du couple, de s’engager vers l’honnêteté, le courage et la fidélité afin de construire une union sacrée basée sur la sincérité gage de toute réussite.
Khadidiatou Goro, étudiante, pense que la plupart des problèmes au sein des couples sont liés aux intérêts. Pour la jeune étudiante, nombreuses sont les femmes qui contractent le mariage par pur intérêt, et non par amour. Donc quand c’est ainsi, il devient très difficile, voire impossible de s’entendre a l’intérieur d’un foyer sans amour.
Loin de toutes ces explications, un vieux tôlier, exerçant près du centre Islamique d’Hamdallaye, a son constat propre à lui. Selon le vieux ouvrier, de nos jours, les jeunes disent se marier par amour, sans vraiment s’aimer. « C’est ce qui fait qu’au moindre problème dans le couple, il se fragilise. Ils ne sont pas endurants, or sans endurance, difficile de vivre ensemble toute une vie ». Pour notre interlocuteur, à cela s’ajoute le fait que certaines font de leur beauté, un objet de commerce. Comme cela, quand les hommes leur marient, ces derniers ne leur accordent pas l’affection qu’elles méritent. Plutôt, ils leur voient comme des choses achetées au prix de leur fortune. Lorsque cela s’arrêtera, les mariages survivront aux difficultés.
Le mariage est sacré. Il doit se fonder sur la confiance, l’amour, l’espoir et la solidarité. C’est une question très sensible, portant sur toute une vie. Etant une étape incontournable dans la vie de chacun, il devient donc nécessaire pour tous de bien apprendre sur le mariage avant de s’y engager. Car, dans une relation entre deux personnes, deux esprits différents, tout ne peut pas être rose. Seule la compréhension permet de surmonter les difficultés.
Ibrahim Kalil Togola, la rédaction
